Le présent projet de thèse se propose d’étudier l’œuvre littéraire de la résistante française Micheline Maurel (1916-2009), déportée en 1943 en tant que prisonnière politique à Ravensbrück. Dans ses textes, l’autrice relate son expérience concentrationnaire ainsi que sa vie avant et après le camp. Ses trois œuvres principales, Un camp très ordinaire (1957), La Vie normale (1958) et La Passion selon Ravensbrück (1965) sont au cœur du travail.
Le projet s’articule en trois parties : il s’agit premièrement de reconstruire l’histoire de la publication des textes de Micheline Maurel afin d’explorer les raisons qui expliquent l’écart temporel entre la rédaction de deux œuvres principales et leur date de publication. Puis, la réception contemporaine des textes est étudiée afin de mieux comprendre pourquoi, malgré plusieurs prix et récompenses, l’auteure est progressivement tombée dans l’oubli à partir des années 1970. La troisième et majeure partie porte sur ce qui singularise l’écriture littéraire de Micheline Maurel au sein de la littérature concentrationnaire : sa mise en avant de la « normalité » du camp et au camp.
Ainsi, différents types de décalage sont au cœur des trois parties : l’histoire de la publication examine le décalage temporel entre l’écriture et la publication de deux œuvres de l’autrice ; l’histoire de la réception explore la marginalisation progressive de l’œuvre de M. Maurel au miroir d’un décalage de l’horizon d’attente du public ; l’analyse littéraire, enfin, se basant sur les méthodes de la sémiotique discursive, sonde le décalage majeur que constitue une écriture de la « normalité » appliquée à un univers qui précisément pervertit l’ordre habituel du monde.

Profile: Après avoir obtenu un master 1 « Information Communication » à la Sorbonne Nouvelle (Paris III) et un master 2 « Magistère, Culture et Management » au CELSA (Paris IV), j'ai choisi de poursuivre mes études en lettres (françaises et comparées) à l'Université de Zurich, tout en préparant le diplôme d'enseignement au secondaire II. Mon expérience en tant qu'assistante étudiante et tutrice au Romanisches Seminar, ainsi que la rédaction de mon mémoire dans le domaine de la littérature concentrationnaire, ont renforcé mon intérêt pour la recherche en littérature française moderne. Depuis février 2022, je suis doctorante sous la supervision de la Prof. Dr. Ursula Bähler et en cotutelle avec l'Université Paris-Saclay, où la Maîtresse de Conférence HDR Aurélie Barjonet co-dirige ma thèse.