Dans mes travaux récents, j’étudie la distribution des formes pronominales faibles du français sous une perspective nouvelle. En partant des études sur le statut d’affixes lexicaux de ces formes (Miller, 1992; Auger,  1993, 1994, 1995), je propose de traiter la montée des clitiques en termes morphologiques plutôt que syntaxiques. Je formule une implémentation de la théorie de la périphrase flexionnelle de Bonami (2015) dans le cadre de la grammaire syntagmatique guidée par les têtes (HPSG, Pollard & Sag, 1994). Je propose que cette notion est à la fois indépendamment motivée dans les constructions à montée des clitiques et suffisante à expliquer celle-ci dans ces constructions, et que celle-ci peut dès lors se traiter comme un phénomène entièrement morphologique, dans lequel les arguments pronominaux sont simplement réalisés sur un élément ancillaire. J’expose également comment l’approche se généralise aux prédicats complexes. L’approche morphologique voit ces constructions comme des périphrases causatives assimilables aux causatifs synthétiques du japonais ou des langues bantoues. Je montre que cette perspective, qui fait du verbe infinitif une forme causativisée et lui applique ainsi une augmentation de valence, résulte spontanément en une implémentation de l’effet de monoclausalité requis pour traiter différentes propriétés spécifiques de ces contextes (réalisation du sujet, réflexivisation longue en se faire).

Profile: Post-doctorante à la chaire de linguistique française (Prof. Dr. E. Stark). Thèse de doctorat soutenue à l'Université Paris-Cité en 2023, dirigée par Berthold Crysmann. Je m'intéresse aux approches formelles et empiriques à la morphologie et à la syntaxe, ainsi qu'aux questions de langue & genre.